Suite reportage paru dans un journal professionnel : Le séchage artificiel du Bois de chauffage: quels avantages
A la rédaction
Suite à la réunion générale du syndicat des producteurs de bois bûches Bretagne Pays de Loire le 8 Juin à Rennes, à laquelle j’avais été aimablement invité, je découvre dans vos colonnes le résumé condensé de deux exposés qui se voulaient à l’origine complémentaires, venant, pour le premier, du responsable d’une sté de conseil réputée en séchage traditionnel (sciages) , pour le second , votre serviteur, soupçonné d’avoir ‘une certaine expérience sur le sujet’…‘séchage artificiel des bûches’,
Bien qu’ayant remis l’intégralité de mon intervention à votre journaliste régionale, à la lecture du résumé de nos deux interventions, mon espoir de synthèse objective se résume, en final, à l’impression que je cautionne les données exposées par mon confrère!
Il n’en est pas question et je m’explique.
J’ai moi-même pratiqué le séchage artificiel dans les années 1962, comme chef de chantier en scierie et conducteur de 8 cellules de séchage. A l’époque, les équipements de contrôle étaient plutôt du style empirique. Il s’agissait de sécher des feuillus précieux nationaux. Il va de soit qu’il n’était pas question de sortir des lots de bois fendus/ gercés ou collapsés !
Si, à l’époque, j’avais pu recevoir une formation du type de celle dispensée actuellement et utiliser l’une des technologies de séchage pour lesquelles cette entreprise de conseil, bardée de références, peut manifestement se présenter comme un spécialiste auprès des utilisateurs de bois de choix, j’aurai vécu des nuits plus tranquilles !
En ce qui concerne le séchage de BOIS BUCHES toutes références à technologies utilisées pour le séchage de sciages découlent d’un exercice de style n’ayant que peu de sens si ce n’est de démontrer la vaste palette de solutions permettant d’atteindre un but en soit très simple : Sécher les bûches au meilleur prix !.
Un seul écueil à éviter : Ne pas collapser !
Si les bûches se fendent en cours de séchage elles ne sécheront que plus vite à cœur et tant mieux !! Le seul critère sera donc le suivant :
- Sécher au moindre coût. au stère/ m3 : Pour réussir ce challenge et amortir l’investissement de multiples critères sont à valider! Ils ne sont pas tous liés à l’opération de séchage mais tout autant aux opérations qui lui sont liées!
- Rechercher un cycle ‘le plus rapide possible’ ne représente qu’un seul véritable risque : le collapse, phénomène bien connu des séchages dit à haute température (et forte consommation d’énergie)se traduisant par le risque de se retrouver avec des bûches sèchent aux deux bouts et encore humides à cœur!
Les études et compétences du cabinet en cause, reportées sur le séchage du BOIS BUCHES, semblent avoir totalement ignoré ces spécificités au demeurant basiques.
C’est ainsi que le séchoir solaire / biomasse THERMO SYSTEM type SM 400, contrôlé sur le tas sur deux unités installées en France en 2004 et 2008 sèchent 8 et 9000 stères à l’année,
Le B.E me semble avoir confondu les caractéristiques d’un modèle sortie d’usine début 2009 et abandonné depuis, le MTR 40/75, créé pour ne sécher que ‘1500 à 3500 stères de bûches’ ( ?) avec celles du SM 400 donné pour 9000 stères. Cette erreur engendre un coût d’amortissement et de fonctionnement inversement proportionnel au volume traité.
Par ailleurs, le B.E indique avoir pris un taux d’humidité d’entrée de 41 % ( ?) pour être ramené à 23% ( ?) à cœur...!
Mis à part la regrettable confusion dans la gamme des séchoirs solaires THERMO SYSTEM , discréditant à mes yeux l’intérêt du concept du séchage bûches en général pour de faibles volumes, vu les coûts annoncés dans l’étude en question, je suis aussi étonné des taux d’humidité retenus en entrée et sortie …alors que lors d’une gestion forestière couramment appliquée à la production de bois bûches, la réalité tourne entre 37/38% en entrée de combiné (moyenne annuelle d’une exploitation normalement gérée) et une exigence finale de 20% sur masse humide correspondant à 25% sur masse sèche (norme CTBA).
Ce taux de 20% garanti un taux de pollution compatible avec des normes qui deviendront de plus en plus exigeantes et optimise le pouvoir calorifique des bûches à un niveau compétitif. De plus, produire un combustible garanti sec permet de réaliser une valeur ajoutée que ne pourra pas proposer le fournisseur ‘au noir’ !
Malgré un prix élevé ce combustible de qualité s’avérera en final PLUS ECONOMIQUE et PLUS SAIN pour le consommateur. La aussi il va falloir éduquer les producteurs pour les convaincre d’avancer ces arguments auprès de leurs clients ! Vaste programme ! Il est en effet difficile d’être chef d’orchestre : acheter, transporter, couper, fendre, charger, conditionner, diriger, faire le manœuvre, l’employé de bureau et s’occuper du marketing ! … C’est beaucoup pour un seul homme ! D’où l’importance de fortifier les unités de production.
Selon l’étude que je mets en cause en sollicitant ce droit de réponse, avec un séchoir dit SOLAIRE la durée d’un cycle serait de 20 jours…alors que les deux utilisateurs cités ci-dessus sont à 12/13 jours de moyenne annuelle, temps de chargement/ déchargement inclus…
Ce temps sera fonction de la logistique globale mise en œuvre et, la aussi, le problème n’est pas simple ! Sur le SM 400 en service en Franche Comté depuis 2003, suivant la saison et la variabilité de la teneur en eau des bûches, la durée des cycles a été contrôlée entre 10 et 14 jours.
C’est ainsi que lorsqu’on annonce des résultats ‘d’études technico-économiques’ il serait bien de préciser s’il s’agit de résultats ‘contrôlés sur le terrain ‘ ou obtenus ‘après étude théorique’. Le mixage des deux me semble prudent et de bon sens…
GF SERVICES tente de travailler sur les deux axes. Après plus de 6 ans d’écoute des utilisateurs et d’exploitation de données ‘de terrain’ la réalité n’est finalement pas celle qui ressort des études énoncées par le B.E..A défaut il faudra que je revoie mes bases !
L’édition de tels dossiers dans des journaux dit professionnels peut décourager les producteurs de bois bûches de s’intéresser au séchage dit artificiel alors qu’à mon sens il s’agit d’une évolution incontournable et urgente pour l’avenir de la filière !
Pour cette raison, lors de mon exposé à RENNES, et vu le temps imparti, je m’étais limité à présenter mon point de vue global d’un sujet dépassant largement le fait de savoir comment il faut sécher les bûches alors que le plus important est de savoir pourquoi il faut les sécher !
Indiquer ce qui suit :
1/ ‘différents systèmes existent actuellement sur le marché’.
Je réponds : OUI ! Mais pour sécher des sciages donc un produit fragile et couteux! Le séchage artificiel de bûches est très rarement appliqué : son prix est jugé trop faible! Cette pratique manque de références. Sécher le bois bûche a des effets induits considérables et largement sous estimés sur l’ensemble du process de production et de gestion financière et sociale.
Ramenées au stère le coût des technologies proposées avec les méthodes dites traditionnelles s’avèrent trop couteuses. Le débat recherché à RENNES – sécher les bûches- devenait de suite impossible !
2/ ‘Le plus répandu est le procédé à air chaud climatisé(ACC) autrement appelé séchoir traditionnel.’
Ma question : Combien de producteurs de bois bûches sèchent actuellement, artificiellement, leur production avec l’une ou l’autre de ces technologie, et ceci sans risque de collapser ?
Suit un exposé complet sur les différents procédés de séchage. Sans sous estimer les connaissances des producteurs de bois bûches ne seront-ils pas effrayés et découragés d’investir en prenant connaissance du coût au stère induit par chacun des procédés cités, y compris pour celui que nous conseillons et pour lequel des conclusions à notre avis erronées sont fournies : le séchage solaire qui n’apporte en fait qu’un appoint non négligeable à une source calorifique principale combiné à un programme d’optimisation particulier.
L’exposé, très bref, ‘des systèmes de séchage dits solaires’ démontre un certain manque d’informations sur le sujet en annonçant un coût au stère…de 18,49 € HT . ou TTC ( ?). La encore ce coût est trop élevé ! Nos conclusions annoncent un coût au stère deux fois plus faible !
Cet exposé s’avère la encore carrément étonnant en abordant le ‘séchoir à benne (qui) comporte un couvercle qui transforme l’énergie solaire en chaleur. Ce séchoir à benne a aussi besoin d’une chaudière de préférence au(x) bois’.
Un oubli sans conséquence ? Pas pour le prix de revient du séchage au stère quand on sait que la chaudière coûte aussi chère que le séchoir! Notre propre étude la prend heureusement en compte !
Adapter le séchoir aux besoins de l’entreprise ? Je dirai surytout ‘à la demande du marché bois bûches’. Le volume d’eau à évacuer par le séchoir, à notre humble avis, sera fonction de l’écart entre les taux d’humidité de départ et d’arrivée lequel devrait, de toute façon, être de 20% sur masse humide afin de garantir un bois parfaitement sec après période d’équilibrage d’environ 8 jours. Cet écart sera, en fait, fonction des pratiques d’exploitation forestière propre à chaque entreprise. Ceci crée des écarts évidents de coût au stère et de durée de cycle.
Comme pour tout nouvel équipement il faut apprendre à utiliser et à optimiser ses possibilités mais aussi faire évoluer les mauvaises pratiques sinon celles qui ne seront plus compatibles en amont comme en aval de la production!
S’équiper d’un séchoir à bûches impose de tout remettre en question : Périodes et mode d’exploitation – Production (nombre d’éclats) et capacité de production – Bâtiments de production et de stockage – Liaison entre ceux-ci et le séchage - Conditionnement avant et après séchage – Mode de livraison – Marketing / Publicité …! S’adresser à des hommes d’expériences et de multi compétences est toujours conseillé…
Les temps de séchage entre bois plus ou moins frais d’abattage puis coupé/ fendu stocké- ou pas- un ‘certain temps, même minime, en attente de séchage ne seront pas les mêmes.
Néanmoins, quelque soit le type de séchoir, de combustible et de chaudière retenu, je crois savoir que le litre d’eau à extraire consommera une quantité de calories identique. D’où l’intérêt de tenter de consommer des calories quasi gratuites : donc celles du soleil même si cet appoint n’est que de 20 à 30% suivant la localisation sur le territoire Français et sans obligatoirement rechercher la ‘haute température’ !
Coût d’investissement SECHOIR ? Mon confrère indique des pourcentages en fonction des différents équipements et travaux préalables. Pourquoi indiquer que ‘pour un séchoir solaire la chaudière reste à ajouter’ ? Ceci ne peut qu’induire un doute dans le coût au stère indiqué. Il faut l’intégrer !
Comment peut-il indiquer ensuite ‘le séchoir solaire se révèle le moins couteux, le prix de revient inclus(ant)’ :
- L’amortissement (37%)
= sur quel niveau d’investissement, durée d’amortissement et en fonction de quelle production annuelle?
- L’énergie (34%)
= Laquelle ? Fuel / gaz / bois / Bio gaz ? Solaire couplé avec l’un ou l’autre des combustibles cités ci-dessus, voir source de bio gaz local?
- Le personnel (14%)
= Pourcentage suivant productivité / équipements / implantation / nature des sols…? Déplacer une charge sur une dalle béton ne coûte pas le même prix – ex : en temps de déplacement et en entretien du véhicule - que sur une terre battue !
- La manutention
= Disons plutôt : le conditionnement (ex : quel option choisir – quel coût) ou chargement des bûches dans la cellule avec la même remarque que sur le poste ci-dessus !
- L’entretien
= Avant ou après passage des bûches dans un tamis rotatif ? Il conviendrait de préciser les postes ceux-ci étant certainement différents d’une technologie à une autre ?!
- Les frais divers
= Idem ci-dessus.
Toutes ces remarques laissent beaucoup d’interrogations sur la validité d’une telle ‘étude’, effectuée sans consultation avec le constructeur ou le distributeur national concerné et sans remises de prix actualisés sur les multiples variantes pouvant être retenues, donc sans débat de fond.
L’enjeu du séchage ARTIFICIEL du bois bûche, donc d’une garantie de qualité, et le respect que l’on doit aux producteurs …comme aux consommateurs mérite plus que des chiffres approximatifs voir fantaisistes.
Déduction faites des diverses économies induites par le séchage SOLAIRE / BIOMASSE dit artificiel, par rapport au séchage dit naturel, nous pensons pouvoir affirmer que le prix de revient au stère compris amortissement séchoir + chaudière et liaisons hydraulique s’établit autour de 5 à 7 € et non 18,49. Nous avons même un client qui nous affirme être à 7 € amortissement du combiné compris ! J’en doute…Nous sommes de toute façon loin des 18,49 € du stère annoncé !
Précision importante : Chiffre de 5 à 7 € basé sur une production de 7 à 9000 stères maxi pour le modèle SM 400 THERMO SYSTEM inclus la chaudière, le tout installé, non compris certains postes pouvant s’impacter sur des pourcentages et durées d’amortissement à définir.
J.P.GALLAND gérant GF SERVICES le 02/08/2010