FORETS DE FRANCE
Observations sur votre N° 509 - Novembre 2008
Monsieur,
Mes réactions sur les dossiers : ‘Développer la filière bois’ et ‘Proposition d’actions par le gouvernement’
Ces deux thèmes ne traitent pas suffisamment ou oublient carrément, à mes yeux, deux facteurs extrêmement graves de la forêt Française en 2007 :
1/ Sa dispersion en très petites propriétés et sa relative hétérogénéité sur une bonne part du territoire. Ceci entraîne d’importantes disparités d’exploitations par rapport à d’autres pays mieux lotis sur ces points.
2/ La fuite ahurissante et non prise en compte du personnel forestier certainement pas compensé par la mécanisations des opérations. Sur ce point il serait intéressant de faire une étude sérieuse sur le sujet. Essayez donc de trouver ‘un bon bûcheron’ indépendant et un débardeur libre dans le trimestre !
L’octroi de salaires de misère (sauf à faire des heures...) et de considération discutable à complètement dévalorisé les ‘petits métiers de la forêt’ ! Le nombre de techniciens sous payés mais souvent fortement diplômés dans les bureaux de coopératives qui se sont développées sur tout le territoire, est là pour en témoigner. Ces ‘gens là’ ne sont pas prêts de prendre la pioche pour planter ou, par exemple, ‘faire du bois énergie ‘ : ils n’ont pas été formés pour cela!
Facile à dire d’exploiter la forêt et parler de mobiliser la ressource : avec qui ?
La plupart des propriétaires raisonnent ‘petits’ : un sou récolté est souvent loin d'être un sou investit !
Peut font le pari suivant : aménager leur forêt pour la rendre exploitable et rentable que ce soit en éclaircie, dépressage, élagage, création ou aménagement de charières et de places de dépôts adaptées à la mécanisation et aux besoins actuels et futurs de lots homogènes et suffisants…
Nos revues forestières sont encombrées d’articles démontrant la faible rentabilité d’un ‘investissement forestier’. C'est assez démotivant ! Heureusement que la réalité est aussi fonction de la manière dont on gère le bien !
J’attends toujours de lire une étude chiffrant l’impact de tels travaux (normaux à mes yeux) de valorisation maximum de ce type de bien ! Je suis convaincu qu’après valorisation un bien forestier acquiert de suite une survaleur et une ‘surproduction potentielle’.
Quel est le propriétaire qui reconnaît que ces travaux valorisent fortement la valeur de son bien? Il vous dira toujours : ça m’a coûté cher , sans plus ! Ce constat me frappe à chaque réunion forestière…Il est plus facile de réclamer des aides de l’état, la bouche pleine et sans fausse honte. Le cas des subventions
Puisque Papa et Grand Papa ont fait une bonne partie du travail pourquoi cela ne continuerait-il pas ?!
Quelles actions de fond fait on pour inciter les parents à raisonner ainsi et prendre en mains une gestion dynamique de leurs biens ?
Alors on cherche des combines : pourquoi pas une aide à la captation du CO2 et une prime à l’ouverture des espaces forestiers? Euréka ! Manifestons, c’est dans l’air (vicié) du temps!
Certains font du lobbying décalé sur l’art et la manière de booster les ‘petites entreprises régionales du bois’. Pensant disposer de capacité de réflexion ils impulsent des investissements très souvent ‘en retard d’une guerre’ !
Là une unité de séchage rabotage en coopérative, ici une maison de la forêt, ailleurs une prise de participation dans la relance d’une entreprise défaillante… Tout ceci avec la naïveté d’une certaine incompétence et, surtout, de fortes aides du contribuable via l’état et les diverses collectivités.
Ce genre de baumes sur des jambes de bois ne fait que retarder les échéances ! C’est un autre débat …que tout le monde fuit, pendant que certains coupent les rubans d’inaugurations fanfaronnes et d’un autre temps.
Le nombre de scieries décroît à grande vitesse depuis 20 ans. GF SERVICES peut en témoigner : elle en a revendu une ou deux par semaine (au total 646), de toutes importances – pour les arrêter- depuis mi 1994!
Cas le plus fréquent : Arrêt de l’arbitre pour cause de retraite. Depuis les années 2005 le marché des matériels de scieries d'occasion est quasi inexistant... Plus assez de petits clients!
Lorsqu’une nouvelle scierie projette maintenant de s’installer, il s’agit d’un méga projet.
Il est naturel que les entreprises régionales s’en émeuvent : elles ne joueront plus dans la même cour et leurs managers ‘hommes orchestres jouant de tous les instruments’ réalisent dans ce cas très bien que cette implantation signera pour la plupart d’entre eux l’arrêt de leur entreprise dans des conditions difficiles , de toute façon sans espoir de reprise. Que font d’autres les marins ?
Nous allons, inexorablement, vers une accélération des arrêts de petites entreprises.
Les prévisions de GF SERVICES au cœur de ce problème depuis 1967, basées sur une connaissance approfondie de la structure des entreprises de scieries Françaises sont sans appel ne serait ce que par manque de rentabilité.
Les unités mécanisées et les groupements de vente ‘écrasent les prix de revient ‘ et réduisent les marchés des unités traditionnelles. Elles sont asphyxiées.
Leur formation technique ne les a pas préparé à ce chambardement commercial très rapide et s’accélérant…De scieurs ils devraient se transformer en négociants, experts locaux des matériaux bois ! Les meilleurs deviennent donc des marchands ...et leur scierie ne devient qu'un faire valoir.
Il va bien falloir que les propriétaires forestiers intègrent au plus vite cette donnée. Nous sommes loin de cette prise de conscience !
Il faudra rassembler et unifier la gestion et l’exploitation des mini parcelles pour en rentabiliser l’exploitation…
Il faudra mettre en place un mode d’exploitation des petits lots de qualité qui ne trouveront, et ne trouvent déjà plus preneur !
Allez donc vendre un unique mais superbe chêne d’Amérique ou un tilleul d’exception à un scieur ACTUEL comme en 1970 !
On ne va tout de même pas transformer ces bois de qualité en bois énergie ?! C'est pourtant ce qui finalement se produit ! Certains tentent de les faire scier par des scieurs mobiles convaincus 'qu'ils vont les valoriser'!
Quel volume est concerné ? 0,1 % ?
Combiens de ces sciages pourrissent dans des greniers, sec mais vrillés et tachés par un empilage défectueux puis mangés par les vers (cas fréquent du noyer) ?! ...en désespérant le menuisier incapable de faire de la belle œuvre avec des bois devenus de mauvaises qualité, gauche, vrillés, piqués, tachés et j'en passe ???
A chacun son métier encore faut-il qu'il 'nourisse son homme' ! La disparition des 'petits scieurs' (de métiers et installés en fixe) est une catastrophe pour l'exploitation, la conservation et l'utilisation rationnelle de ces petits lots.
De plus ils représentaient un maillon commercial d'excellence pour la promotion du matériau BOIS.
Ne nous étonnons pas de l'absence des bois massifs chez les négociants: la vente de produits standardisés est tellement plus facile...pour un néophyte à plus forte raison pour un ancien professionnel du BOIS !
La capacité d’absorption d’une production donnée par un marché est de plus en plus soumise à des données mondiales ou nationales qui échappent trop souvent aux producteurs locaux. Les petites entreprises ont trop ‘le nez dans le guidon’!
Mr Jean Marie BARBIER cite bien le fait que ‘les causes de la faiblesse de la mobilisation en forêt sont donc différentes’ (de son analyse) … Alors débattons en ? Rien ne sert de faire des constats s’ils ne débouchent sur rien !
Développer l’activité de la filière bois dans ce pays ? Que tentent les professions du bois depuis la nuit des temps ?
Est-ce en comptant sur certains sous préfets coupeurs de rubans et admonestant les forestiers présents à l’inauguration d’une chaufferie bois énergie dans le centre France hyper boisé, sur le fait ‘qu’il faut bien prendre garde de ne pas déstabiliser l’industrie du bois d’œuvre nouvellement mis en concurrence par le développement du bois énergie’ ?!
Sait il cet énarque jeune et plein d’avenir que j'ai rencontré lors d'une inauguration, qu’un ARBRE c’est comme le COCHON :
C’EST TOUT BON des racines jusqu’aux feuilles à plus de 60 à 70% de cette arbre - dans les feuillus et 40 à 60% dans les résineux - en BOIS ENERGIE OBLIGATOIRE inclus les chutes diverses .
Apparemment non. Surprenant, tout au moins pour les pros!
Pour conserver une activité de production et de transformation ‘digne de ce nom’ (je le cite) en France, ce dont on débat depuis longtemps en ajoutant sans arrêt des lois ou décrets grippant de plus en plus le schmilblick, il me semble qu’il faudrait d’abord réacquérir une part du bon sens qui animait l’esprit de certains anciens.
Pas ceux qui sont devenus scieurs, menuisiers, gens du bois, en général, par atavisme et incompétence!
Je préfère par conviction et passion ! Ceux qui le sont devenus par ambition, formation, goût du travail bien fait, capitaines d’industrie sont encore plus nombreux que l’on ne croit !
Laissons les travailler, sans entraves, sans décrets et lois imbéciles du genre du refus de construction d’une maison bois dans un paysage forestier pour ne citer que ce cas précis!
Certains semblent désormais convaincus que rien de bon ne peut se faire sans de mégas et fréquentes réunions ‘dans un cadre interprofessionnel ou de ce genre’. La magie des formules, la magie des mots, la magie du virtuel…
Les forestiers manqueraient de motivation ?! Le dire me semble déjà le penser. Je ne suis pas d’accord avec cette vision défaitiste.
Quels marchés – Pour la nouvelle campagne de ventes des bois ?[/b]
[b]Une seule remarque :
‘les marché des bois ont réagi avec beaucoup de rigueur et de promptitude, la concurrence bois matériaux / bois énergie ayant joué à plein entre les scieries, les industrie lourdes des panneaux et des pâtes et les producteurs de bois énergie’.
Quand aura-t-on compris’ dans les médias’ que le bois énergie est le pot de terre contre d’énormes pots de fers ?
De toute façon les scieries ne sont pas concernées dans ce débat : elle n’utilisent que du bois d’œuvre que je sache et, au lieu de consommer du bois énergie elles en produisent SAUF certains gros producteurs qui décident de fabriquer eux mêmes des granulés plutôt que de vendre leurs sciures à des investisseurs manquant du produit de base pour les fabriquer!!
En effet chacun devrait savoir que le rendement moyen en BOIS D’ŒUVRE se situe :
- Dans les feuillus : entre 36 et 55 % suivant les qualités et débits le reste étant du BOIS ENERGIE grosses branches ou / et cimées COMPRISES
- Dans les résineux : entre 46 et 72%
- Dans les deux cas sous produits bois énergie de la seconde transformation’ plus ou moins inclus .
- Ces sous produits sont en effet exploitablent en partie en bois énergie (exemples : sciures/ culées/ fausses coupes…)
Cela représente un certain tonnage ! Si, dans le tonnage concurrentielle entre les industries du panneau et du papier avec le bois énergie il y a tension c’est plus par vue de l’esprit qu’autre chose ou totale ignorance de la réalité des filières bois!
Les prix du bois de chauffage ne sont bloqués que dans la tête des producteurs, par crainte du client, manque de maturité commerciale, voir absence d’ambition d’une filière sous équipée, anarchique, éclatée, non organisée, se défendant mal contre une image qualité déplorable.
Le bois qui mousse est une image qui colle à tord et à raison au produit bûches. Sa fourniture ‘au noir’ n’arrange pas le tableau (80% du volume estimé !!!) !
Qui agit contre cette calamité ? Certainement pas les propriétaires forestiers, malheureusement aux premières loges de ce trafic…
Le tonnage disponible hors demandes de ces industrie est naturellement important (cimes/ taillis / chutes diverses/ bois de récupération/ copeaux et sciures en petits lots et intéressant tout de même le bois énergie etc.) . Il n’est peut être pas encore suffisamment exploité.
Il le deviendra de plus en plus avec le transfert inévitable d’une part de consommation bois bûches ‘chauffage’ vers le bois ‘chauffage automatique à plaquettes’ plus facile à exploiter et plus confortable à consommer ou granulés plus par mode que par esprit d'économie, sauf obligation logistique ou faible besoin.
La part de chauffage bois bûches va devenir de plus en plus une consommation chauffage plaisir de plus faible consommation unitaire sur un nombre de foyers de plus en plus fiabilisé et de plus en plus nombreux, utilisant du bois sec dans des appareils de nouvelle génération, beaucoup plus performants.
La consommation de bûches devrait donc se stabiliser par amélioration globale du concept.
J’apprécie pleinement votre revue. Je souhaiterai y rencontrer plus d’articles percutants, susceptibles de faire bouger- à mon sens- des mentalités sclérosées, dans l’air pollué du temps actuel en espérant y lire un jour des études plus 'réalistes' sur les hypothèses de catastrophes annoncées ...alors que chacun de nous scrute la météo à 10 jours tout en sachant que la réalité est à géométrie variable!
Je vous remercie du temps que vous aurez consacré à la lecture de ma prose.
Salutations.
GRINDESEL Fin 2008 - Relue sans correction le 8 09 2013 * Validé le 21 02 2015