LA PLACE DES GRANULES
DANS LE DEVELOPPEMENT BOIS ENERGIE
Droits de réponses demandés, suite à la présentation qui à été faite du sujet aux membres de l’AFEF, association française des eaux et forêts, lors d’un petit déjeuner dans les locaux du ministère de l’Agriculture le 30 Septembre dernier.
Déjeuner auquel avait été convié mon ami Frédéric DOUARD rédacteur en chef de « Bioénergie International » et ancien directeur de l’ITEBE, association défunte.
FORET PRIVEE a fait paraître ce billet dans son numéro 322.
Je laisse leurs lecteurs respectifs apprécier l’étonnant débat qui a eu lieu ce jour là en me permettant de vous en proposer une synthèse personnelle. Le billet commence comme suit :
‘ Le taux d’humidité des granulés serait de 8% … en sortie de filière ‘.
Question : Comme pour un sciage ou une bûche séchée artificiellement ce taux peut-il être garanti au jour de l’utilisation ?
Le doute est probablement admis puisqu’un expert comme Mr DOUARD s’autorise à annoncer un pouvoir calorifique de 4700 à 5000 kWh/ tonne soit une marge d’erreur de 6,38 %. Je suis tenté de penser que cette marge est parfois supérieure.
Vers les années 1980, lors de son lancement national, les producteurs de granulés Nordiques devenant exportateurs, ont très justement positionné ce combustible dans la catégorie des nouveaux produits renouvelables, écologiques, révolutionnaire par rapport à ses confrères bûches et plaquettes.
Il s’agissait de valoriser un déchet inutilisé : la sciure ! Il est vrai que certains petits scieurs la jetaient dans des trous…
D’autres, totalisant de plus gros volume, en avaient déjà trouvé meilleure et tout aussi écologique utilisation (s).
Miracle d’une bonne campagne médiatique : les meilleurs vendeurs du concept ont été de bons Français en recherche d’emplois rémunérateurs, proches de la filière écologique, rarement au fait des réalités forestières.
On a remarqué le même phénomène commercial avec les produits Chinois…
La campagne de ces vendeurs frisait l’intégrisme ! On a même entendu à la télé, un jeune loup de la finance ( ?), nous annoncer qu’en 2012 il produirait 2 millions de tonnes de granulés …sur un total national de 5 (toujours millions) en 2020 !
A ce jour il peine à vendre ses 60 000 tonnes et à trouver les 110 000 tonnes de sciures vertes dont il a besoin pour tenter de maintenir un bilan frisant le virtuel, crédible pour ses actionnaires !
Les médias nous ont annoncé des prévisionnels de progression en tonnage, impressionnants …en se gardant bien de préciser qu’en partant de si bas et avec un tel budget de lancement une telle progression n’avait rien d’étonnant !
Démarrer de zéro est toujours impressionnant.
Les arbres ne montant pas jusqu’au ciel la réalité a pris tout de même un certain temps avant d’être admise du bout des lèvres : très rapidement, par manque de sciures, il fallait bien en fabriquer et mettre la pédale douce sur le coté écologique!
A cette époque j’ai proposé d’adopter le slogan éco- logique sans succès ni même un brin d’estime !
Il fallait éviter de décontenancer ceux qui avaient cru au premier message.
Pour une fois les intégristes ont quitté leur burqa en annonçant : ‘pour répondre au très fort développement de la demande et pallier à un manque de sciures conjoncturel ( ?) notre usine continu son expansion et a équipé son parc d’un broyeur …’
En clair : On a compris, on ne trouve plus (assez) de sciure, on tape dans des billons qu’on transforme en sciures : surcoût plus ou moins admis = 50 € la tonne et la sciure VERTE est montée à 40€ la tonne.
On ne parle surtout pas de l’énergie grise engendrée par cette nécessité ‘conjoncturelle’.
On ne sait pas comment trop faire pour écorcer les dits billons…
On parle, comme Mr DOUARD, ‘de rémanents qui devront être écorcés’. Devront ???! Pourquoi ‘devront’ ?
Certains se sont rendu compte de ce qui suit : Comment écorcer des rémanents frais d’abattage ou pas ? D'autres pas ...
Ca n’est pas compliqué, il suffit d’investir dans un tambour d’écorçage ? C’est un gros investissement, gros consommateur d’électricité ? Ben oui …
Qu’à cela ne tienne ! Les petits producteurs vont fermer et les gros vont devenir plus gros pour digérer tout cela… et pouvoir continuer d’investir ... ce qu'a décidé de faire BIOSYLVA fin 2013 soit plus d'un an après ce message .
En attendant on fait quoi ? On produit des granulés avec des écorces ?
On avait bien pensé à des solutions de dépannage : Mr DOUARD reconnaît que les volumes disponibles (copeaux / miscanthus et j’en passe) sont plutôt faibles…
Et oui, certains l’avaient annoncé ! Engager une grosse campagne médiatique à un avantage, elle coûte moins cher qu’une campagne de pub.
Elle peut par contre, il semble qu’on en soit un peu là, dépasser l’objectif visé, en un mot ne plus arriver à suivre la demande, en volume ou en qualité ou les deux !
On peut aussi assister à une très forte concentration des sites de production mais sous quel délai ? Le plus simple est d’importer : Canada / E. Unis / Russie …
Dans ce cas il faudrait abandonner l’argument de la proximité et trouver un nouveau slogan ?
Il est tout trouvé :
Le granulé présente l’avantage d’être disponible dans de très nombreux ‘points de vente’. Il vous sera livré à domicile par un spécialiste des énergies bois renouvelables…’proche de chez vous’ !
On peut EN EFFET espérer que le gisement forestier inexploité, estimé ‘à plusieurs dizaine de millions ( !) de m3 par an’, de plus ‘en tenant compte des autres industries de transformation’ …’permettra d’augmenter la production de granulés jusqu’à environ 5 millions de tonnes par an …d’ici à 2050 !’. C’est plus 2020 ?
On peut aussi espérer que les papetiers Français ferment, sinon baissent la production de leurs usines.
Sans toucher de subventions car ‘y’en aura plus !’
….pour libérer du volume.
Pas de chance ! Il parait que GOLBEY n’aurait pas choisie cette voie industrielle préfèrerait produire de la laine de bois. C’est maintenant plus écologique.
Avouez que tout cela est compliqué et qu’il est facile d’embrouiller les esprits de nos bureaux ministériels.
Le plus dérangeant c’est de vouloir faire croire, dans ce docte article, à des spécialistes des Eaux et Forêts, peut-être même aux bourges et édiles de nos campagnes, voir même à notre président (puisqu’il avait pour projet de chauffer l’Elysée au bois) les contre vérités suivantes que nous assène Mr DOUARD :
Je cite Mr DOUARD
- ‘Qu’en dessous de 300 kW, les granulés sont plus compétitifs que les plaquettes en termes de coûts de fonctionnement’.
- REPONSE : Ca n’est pas ce que l’ITEBE annonçait…De 300 à 500 KW c’est équivalent. Des chiffres SVP …
- L’entretien des chaudières à granulés est moins exigeant que celui des chaudières à plaquettes : une fois par mois suffit contre tous les jours avec les plaquettes (notamment, les cendres peuvent être contenues dans un seau pendant 1 mois).
- REPONSE : Désolé c’est sensiblement du pareil au même voir même avec un avantage pour les chaudières à plaquettes, multi combustibles…
- …une chaudière à granulés prend la même place qu’une chaudière à gaz…
- REPONSE : et pour une au fuel ? C’est parfois le contraire ! Ca dépend de la chaufferie et non de la chaudière…
- … les chaudières à plaquettes sont proportionnellement plus chères.
- REPONSE : Ca veut dire quoi, en l’occurrence, ‘proportionnellement plus chères’. J’en suis coît !
- Les granulés peuvent se combiner avec d’autres combustibles et permettre d’utiliser les chaudières à charbons existantes.
- REPONSE : Cela est vrai. C’est aussi vrai que les chaudières à granulés ne peuvent fonctionner qu’avec des granulés. Elles sont donc mono combustible.
Ceci n’est pas le cas d’une chaudière à plaquettes qui peut, aussi, fonctionner avec des granulés voir de la sciure / des copeaux / des sarments de vigne …
La chaudière dite ‘à plaquettes’ est donc multi combustibles… Nuance d’importance omise par Mr DOUARD .
- Il existe des chaudières poly combustibles (synonyme de multi combustible) à grilles mobiles jusqu’à 200 Kw….
- REPONSE : Les chaudières dites à plaquettes LINDNER SOMMERAUER sont bien poly combustibles et sont bien à grilles mobiles jusqu’à 250 Kw …et non 200.
- Je ne pense pas que trafiquer des ‘petites chaudières à charbon’ intéresse beaucoup le marché Français.
- Le granulé apparaît donc (selon Mr DOUARD) avoir un grand avenir. Le marché va se développer …
- REPONSE : Je ne connais pas l’avenir. Néanmoins j’admets qu’il s’agit d’un bon combustible.
Je pense qu’il faut en réserver l’utilisation aux très petites puissances et, au-delà de 25/30 Kw à des cas très particuliers justifiant le passage d’un spécialiste des deux technologies, compte tenu que le coût d’exploitation d’une chaudière mono combustible GRANULES sera plus élevé quoiqu’en dise Mr DOUARD (plus ou moins le double à fin 2014).
- Annoncer que
‘La production Européenne de granulés, qui était de 10 millions de tonnes en 2010, est en croissance constante, et les prévisions sont ‘sans cesse dépassées’ me fait furieusement penser aux batailles électorales actuelles.
- REPONSE : Les consommateurs, comme les électeurs, parviendront-ils à mettre tout le monde d’accord en applaudissant des deux mains (gauche et droite) à la qualité de l’offre en chaudières BOIS ...en général ?
Suite au prochain ‘post’ !
En résumé :
Je propose à Mr DOUARD de l’inviter à nos bureaux, (en invitant la télé ?), pour que nous puissions lui faire bénéficier d’un cours de mise à niveau de qualité, sur tous les sujets qu’il vient de me contraindre à aborder.
Je crains que son séjour à l’ITEBE lui ai particulièrement conditionné l’esprit … sur les granulés, par ailleurs excellent combustible BOIS (industriellement fabriqué artisanalement consommé).
Ca n’est pas pour autant un produit miracle comme il semble vouloir nous en convaincre.
Il me serait agréable que nos chers spécialistes du BOIS ENERGIE GRANULES ne soient pas tentés de pécher par omissions comme cela est toujours le cas face aux filières bûches et plaquettes, considérées comme combustibles locaux, un peu ‘agricoles’, bon pour les gens de la campagne ...jamais secs, pas calibrés, pas conditionnés …et j’en passe ! Rassurez vous on s’en occupe et ça change ! Vite…
GF SERVICES et moi-même prétendons être de fervents et passionnés défenseurs …de ce qui nous semble être des vérités.
En proposant à ses clients les trois types de chaudières modernes connues pour fonctionner ‘aux bois’
- Bûches / granulés et plaquettes, l’exercice semble être difficile.
… mais passionnant ! Je revendique que tout travail bien fait soit respecté.
Toute l’équipe de GF SERVICES le mérite au même titre que ceux qui voudront bien contribuer à déplacer le débat vers des préoccupations moins mercantiles et le sortir d’un sentier que certains veulent trop baliser alors que beaucoup de consommateurs demandent des produits proches de la nature/ Bio / Eco – logique / Renouvelés… à prix raisonnables …Sentant bon la forêt !
Ca sent quoi le granulé ? Une odeur de cuisson…C’est quand même du BOIS même s’il vient d’Ukraine et de Tchernobil…ou tatawouine les Bains!
Cordialement
GRINDESEL le 24 01 2012 Validé le 21 02 2015
PS : Les portes et ateliers de GF SERVICES sont évidemment ouverts à tous les journalistes de FORET PRIVE, journal pour lequel nous avons tous la plus haute estime ce qui ne fait que nous confirmer qu’une erreur de programmation, voir de propos, est toujours possible.